Evolution des traitements des aliénés

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Les archives des cellites restent quasi muettes quant aux traitements administrés aux déséquilibrés qu’ils accueillent en Volière. Il faut attendre la période française pour que le supérieur de la communauté (le Pater) et le premier médecin désormais attaché à l’hospice de l’Humanité, le docteur Dupont, les décrivent.

Durant l’Ancien Régime, il n’y avait ni médecin, ni chirurgien dans l’institution. Les Frères avaient recours ponctuellement à leurs services. Dans les comptes disponibles au XVIIe siècle, pas de mention de frais médicaux ni pharmaceutiques. Ceux-ci sont fréquents au siècle suivant et sont facturés aux patients. Au XIXe siècle, le budget annuel mentionne de 0,56 à 3% pour les dépenses médicamenteuses, alors que les traitements des médecins, frères soignants et domestiques atteignent 20%.

Il faut donc en revenir aux déclarations faites entre 1801 et 1809 parle Pater et le docteur Dupont pour en savoir plus sur les traitements appliqués à l’hospice. Les moyens thérapeutiques étaient avant tout basés sur le traitement moral, si possible méthodique, et l’isolement (loges matelassées et cachots). Les bains semblent avoir été employés à partir du troisième quart du XVIIIe siècle pour calmer les « furieux », mais aussi pour améliorer l’hygiène qui laissait manifestement à désirer. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’usage des agents mécaniques de contention s’élargit : camisole de force, entraves et fauteuil de force. De même, l’utilisation des sédatifs semble se généraliser. Parmi les plus connus de l’époque, les opiacés, les bromures et les hypnotiques. L’hydrothérapie est largement pratiquée même si son application est souvent malaisée. Au début du XXe siècle, la création d’une clinique à l’hospice des Insensés par le docteur Xavier Francotte ne peut répondre aux espoirs que sa mise sur pied avait fait naître.

Le XXe siècle connaît une véritable révolution avec la nouvelle approche d’une psychologie de l’environnement et de la psychiatrie, l’organisation de services ouverts dans les hôpitaux et les découvertes pharmaceutiques permettant de remplacer les moyens de contention par la « camisole chimique ».