L’ORGUE ROBUSTELLY

Dispositions pratiques

Pour en savoir plus, la brochure éditée à l’occasion de la restauration de l’orgue est en vente à la chapelle.

L’orgue est placé sous la responsabilité des Amis de la Chapelle. Sa mise en valeur est plus particulièrement confiée aux organistes Gauthier Bernard et Fabien Moulaert, membres de l’ASBL. 

On peut les contacter aux adresses suivantes : 

Fabien Moulaert

Gauthier Bernard

Spécificités techniques

COMPOSITION APRÈS RESTAURATION
Grand-orgue (C-D, d’’’)

Bourdon 8’ (Robustelly)
Prestant 4’ (Robustelly)
Flûte 4’ (Robustelly)
Doublette 2’(Robustelly)
Nazard 2 2/3’ (Thomas 2010)
Tierce 1 3/5’ Thomas 2010)
Fourniture IV (Robustelly)
Cymbale III (Thomas 2010)
Cornet V (8’ partiellement de 1769, le reste de 2010)
Trompette 8’ haut et bas (Robustelly)

Tempérament inégal (Sauveur)
Positif (C-D, d’’’) 

Bourdon 8’ (Robustelly)
Flûte 4’ (Robustelly)
Doublette (Thomas 2010)
Cromorne haut (Robustelly)
Voix humaine haut et bas (Robustelly)

Pédalier à la française accroché (C-D-d’)

Accessoires :
Rossignol
Tremblant doux
Tremblant fort 

Diapason A 415
 

L’orgue de la chapelle Saint-Roch a été construit en 1769 par Guillaume Robustelly. Il est classé Patrimoine exceptionnel de Wallonie.

L’instrument comprend 15 jeux répartis sur deux claviers et un pédalier ancien «à la française ». Construit pour le lieu qui l’abrite, il magnifie l’acoustique exceptionnelle de la chapelle, unanimement louée par les musiciens qui s’y produisent.

À un jet de pierre de la cathédrale Saint-Lambert, détruite à la Révolution, et dont les quatre orgues furent vendus, l’orgue de la chapelle Saint-Roch est resté tranquillement « dans son jus », oublié de tous, pendant presque deux siècles. Sa situation dans un lieu fermé l’a protégé d’interventions inappropriées jusqu’en 1956.

Cette année-là, alors que l’orgue est muet depuis vingt-cinq ans, une intervention importante altère la structure de l’orgue mais préserve fort heureusement les claviers anciens et une bonne partie des tuyaux. Les moyens financiers limités des responsables de l’instrument l’ont sans doute sauvé d’une transformation radicale et irréversible.

Son constructeur, le facteur d’orgues Guillaume Robustelly

L’instrument date de 1769 et est l’œuvre du facteur d’orgues Guillaume Robustelly. Ce dernier est né Wilhem Robostel à Rolduc (aujourd’hui Kerkrade dans le Limbourg hollandais) entre 1715 et 1725. Germanophone, il arrive à Liège assez jeune, pour faire son apprentissage chez Jean-Baptiste Le Picard, facteur d’orgues réputé, membre d’une dynastie d’artisans facteurs d’orgue d’origine française installés à Liège au début du XVIIIe siècle.

Après le départ de son maître, Robustelly prendra sa succession mais gardera dans ses ouvrages l’esthétique sonore propre à Le Picard, devenant le dernier représentant de l’école d’orgue liégeoise classique. Aucun facteur d’orgues postérieur ne se réclamera de lui.

La liste des travaux de Robustelly comporte une trentaine d’instruments répartis entre la Principauté de Liège et le duché de Brabant.

Facteur d’orgues réputé, il connaît une situation confortable. Il est établi dans le quartier non loin de la chapelle Saint-Roch, habite dans la maison dite du «Marteau couronné», possède une maison avec boutique située dans la paroisse de Saint-Hubert et des terres sur les hauteurs de Flémalle.

L’instrument de la chapelle Saint-Roch est réalisé juste avant que le facteur d’orgues ne signe son chef-d’œuvre, un orgue à 4 claviers et pédalier accroché, construit pour l’abbaye d’Averbode entre 1770-1772.

Décédé fin avril 1793, Guillaume Robustelly est inhumé en l’église Saint- Séverin.

Source : Guido Schumacher, « La facture d’orgues liégeoise au XVIIIe siècle : la Dynastie des Picard et Robustelly », Mémoire de fin d’études en musicologie, Université de Liège, Faculté de Philosophie et Lettres, année académique 1978-1979.

Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Classé dans l’ensemble de l’édifice le 13 mai 1970, l’orgue de la chapelle est repris en 2002 dans la liste du Patrimoine exceptionnel de Wallonie.

Les raisons de cette distinction sont les qualités intrinsèques de sa facture mais aussi le taux très élevé d’éléments anciens conservés. On y trouve encore, entre autres, une grande partie des tuyaux et, fait très rare, les claviers tels qu’ils ont été réalisés par Robustelly en 1769. L’instrument est, de ce fait, un témoin exceptionnel de la facture d’orgue liégeoise de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

La restauration de 2010

La restauration de l’orgue a été confiée à la Manufacture Thomas. Elle a été menée dans le respect des éléments anciens conservés et dans la reconstitution des éléments manquants.

Bien que l’orgue soit relativement modeste, 15 jeux, le son retrouvé est puissant et marqué par une grande franchise.

Dès la reconnaissance de l’orgue comme patrimoine exceptionnel, sans plus attendre, compte tenu de la qualité acoustique du lieu et de son potentiel musical, les Amis de la Chapelle prennent la décision d’entamer les démarches en vue de sa restauration. Patrick Wilwerth et Louis Schokert rédigent le cahier des charges et accompagneront le projet jusqu’à la fin de la restauration de l’instrument dans son état d’origine par la Manufacture Thomas.

Comme l’écrit Patrick Wilwerth dans la brochure éditée à l’occasion de l’inauguration de l’orgue, «Aujourd’hui, avec le recul, il est heureux de constater que les claviers historiques et la totalité des jeux d’anches ont été conservés. C’est un cas unique en Belgique. Seuls ont disparu les tuyaux aigus comme les mutations, la cymbale et une partie du cornet. Cette pratique était fréquente chez les organiers au XIXe siècle et au début du XXe siècle. Nous constatons également que le diapason d’origine n’a pas subi de modification et même que le tempérament d’origine n’a été que très modestement adapté. Ce sont sans doute les moyens financiers limités des propriétaires de la chapelle Saint-Roch qui ont empêché de procéder à des transformations importantes et préservé l’instrument jusqu’à nos jours ».

Source : Collectif, L’orgue baroque Robustelly de la chapelle Saint-Roch-en-Volière à Liège (1769), s.l.n.d [2010])

L’orgue est inauguré les 2, 3 et 4 septembre 2010 par François Ménissier, Serge Schoonbroodt, Anne Froidebise et Patrick Wilwerth, auteur de projet.

Le chantier a bénéficié de subsides de la Région wallonne, de la Province de Liège, du Fonds Schoonbroodt de la Fondation Roi Baudouin et de l’aide du Soroptimist-Club de Liège-en-Isle.

À quelle musique est-il destiné

La composition de l’instrument est d’esthétique classique française comme c’est le cas de tous les orgues liégeois de l’époque. La musique française y sonne particulièrement bien. Cependant, curieusement, en dehors du Livre d’orgue de Lambert Chaumont, publié 80 années plus tôt, il n’y a pas de musique d’orgue d’importance publiée à Liège au XVIIIe siècle. L’improvisation de versets dans la liturgie devait être le lot habituel des organistes des collégiales liégeoises. La musique vocale et instrumentale inspirée par l’Italie y était très vivante et l’organiste y tenait un rôle central.